Traditionnel vs numérique

J’espère que vous allez bien.

Ce petit billet pour développer un peu plus sur une des dernières commandes que j’ai eu qui fut spéciale car première commande pour moi que je décide de faire à la fois en traditionnel et en numérique, en même temps.

Traditionnel vs numérique

Il s’agit aussi d’une commande basée sur un anime que je ne connaissais pas : Erased

Une très bonne surprise pour moi qui ne suis pas non plus un adepte des derniers anime, par manque de temps.

Pour cette commande, donc, je voulais à la base la réaliser totalement en digital avec ma nouvelle acquisition du moment : L’iPad 2018 avec Apple Pencil. 

Mais j’avoue ne pas être encore super à l’aise avec l’idée de réaliser une commande d’illustration en digital, il se pose toujours la question de l’original et malgré mon amour du dessin numérique, je me rallie souvent du coté traditionnel lorsqu’il s’agit d’une commande car il y a tout de même le coté unique de l’illustration traditionnelle. 

Bien sûr cette dernière peut être scannée, copiée, imprimée mais parmi tout cela il y a quand même quelqu’un qui possède l’original.

Original d’Alex Maleev dont je suis l’heureux possesseur !

Et, en définitif, en me plaçant du coté du client, car il m’arrive d’acheter des œuvres à d’autres dessinateurs, je suis bien souvent plus intéressé par une œuvre traditionnelle que numérique.

Après il y a toujours cette possibilité de retrouver de « l’unique » dans le numérique, par exemple en faisant un nombre limité d’exemplaires d’une illustration, sur un papier particulier. Certains illustrateurs rajoutent aussi une touche traditionnelle sur certaines impressions, pas encore testé mais j’aime bien l’idée. Cela permet d’allier les deux, tout en gardant les deux gros avantages du numérique pour un illustrateur, la facilité d’utilisation et le coût.

J’explique, quand je me retrouve dans le train à bosser de la couleur sur une illustration que je vais imprimer par la suite en A3, j’ai clairement plus d’aisance et d’ergonomie que si je devais me trimballer mon papier aquarelle, ma palette, mes pinceaux, ma flotte… 

Et encore en vrai il faudrait que je rajoute à gauche de l’acrylique, toile, feutre, carton…

Et pour le coût cet avantage est à la fois valable pour l’illustrateur mais aussi pour de potentiels clients :

– Certes pour l’illustrateur c’est un coût de départ important mais qui correspond plus à un investissement qu’il pourra rentabiliser via de futures commandes, personnellement je change de matériel pour du dessin numérique à peu près tous les cinq ans, par contre je rachète du matériel traditionnel quasiment tous les mois.

– Pour les clients, la plupart du temps on débourse tout de même moins d’argent pour une impression que pour un original. À moins d’une clause d’exclusivité avec le client, qui doit se monnayer, on aura toujours le possibilité de vendre de nouvelles impressions de l’illustrations mais aussi de l’imprimer sur différents supports ou même de s’en servir numériquement pour un blog, habillage de site… 

En définitif, je vois clairement tout le potentiel du dessin numérique et je suis le premier à le défendre quand on le confronte au traditionnel, pour moi cela a autant de sens que de faire un Acrylique vs Huile, les deux ont leurs particularités et on ne peut clairement pas désigner un gagnant.

Et au final la personne concernée pour cette commande n’était pas non plus trop pour une illustration numérique.

Bref, je me suis donc demandé comment profiter au maximum des avantages du numérique sur une illustration qui sera réalisé en traditionnel. 

Je me suis alors souvenu de pas mal de dessinateurs bd qui réalisent toute la composition de leur planche au numérique pour ensuite les imprimer et les encrer traditionnellement. Le numérique possède ce gros, que dis-je, cet énorme avantage de pouvoir manipuler n’importe quel trait de l’image (déplacer, agrandir, réduire) de façon très simple, pas besoin de gommer et de refaire une main si celle-ci a juste besoin d’être un peu plus petite ou un peu plus sur la droite par exemple.

J’ai donc poussé le concept un peu plus loin en réalisant un encrage fini de mon illustration en numérique.

Donc, composition, croquis et encrage sont réalisés numériquement.

Encrage numérique de l’illustration

Puis j’ai atténué cet encrage, de manière à ce qu’il soit visible mais très léger. Je suis parti voir mon imprimeur, lui demandant sans grande conviction si il était possible d’imprimer sur un papier aquarelle 360g, réponse : « On imprime sur tout! » et voila le résultat :

Impression en gris transparent sur 360g

J’ai donc imprimé mon encrage en gris très léger sur du Clairefontaine Acrylic Special Paper 360g, format 30 x 40. J’adore ce papier car il ne possède quasiment pas de grain mais il n’est pas complètement lisse non plus, on se rapproche d’un grain satiné en aquarelle avec une légère texture très aérée. Alors il faut aussi savoir que je suis le champion pour utiliser les choses de manière non conventionnelle, c’est à dire que là, j’utilise de la gouache que je fais sécher dans des godets pour l’utiliser comme de l’aquarelle sur du papier acrylique… voila, ça c’est fait !

Mon matos pour cette commande

Cela dit il y a quand même une raison à tout ça : 

– J’utilise de la gouache car je trouve que les couleurs en aquarelle sont vite fades.

– Je fais sécher la gouache pour pouvoir retrouver tout de même la transparence de l’aquarelle 

– Et j’utilise un papier à la base pour peinture acrylique car j’aime sa texture et je me dis que si c’est pour acrylique, il n’y a pas de raison que ma technique ne fonctionne pas dessus, voilà.

Donc, je reprends, une fois mon encrage imprimé, je scotch la feuille au scotch de masquage pour que celle-ci soit maintenue, ensuite j’inonde la feuille d’eau. 

Scotché, prêt à être inondé !

À partir de ce moment, je deviens dépendant du temps de séchage de ma feuille et c’est à la fois la course mais aussi attendre le bon moment pour réaliser une nouvelle couche de peinture.

Première couche

C’est ma partie préférée, je ne réfléchis plus, tout devient très instinctif et je vis un peu au rythme du temp de séchage de ma feuille. 

Là je dois être à ma quatrième couche

Puis de couche en couche, je définis ce qui sera l’illustration final avant de refaire un ptit coup d’encrage, je fonce de plus en plus mes couleurs et j’affirme de plus en plus mes traits.

Pour arriver à ce résultat :

Résultat final

Je suis très rarement déçu de ce que je fais avec cette technique car la superposition de couches me permet vraiment d’affiner le dessin au fur et à mesure, de rattraper mes erreurs comme si j’enchaînais les croquis d’un même sujet.

Et grâce à cette commande, j’ai pu aussi tester l’aquarelle dorée de chez Van Gogh, je m’attendais à quelque chose d’assez fade mais au final un rendu bien chargé, lumineux et opaque, bref je recommande fortement ! 

Aquarelle doré sur l’écharpe de Kayo

Et bien sûr en parallèle j’ai continué la version numérique. Je n’ai hélas pas toutes les étapes à vous montrer mais rien de bien original pour cette partie.

Après avoir fini l’encrage je suis passé à la couleur, j’ai donc réalisé une première couche de couleur pour pouvoir donner une ambiance générale à l’illustration. Puis je retravaille ce couches en les éclaircissant ou en les assombrissant pour donner plus de profondeur. Je passe ensuite à l’ombrage, étape pendant laquelle je donne du volume à chaque partie du dessin. Enfin quelques touches pour éclaircir de manière radicale certaine partie de l’illustration, je peaufine certains détails et voilà !

Version numérique

Au final j’ai pris autant de plaisir à réaliser l’illustration traditionnelle que numérique. J’avais peur de procéder un peu trop de la même manière pour les deux mais malgré bien sûr quelques ressemblances, je trouve qu’on les distingue bien l’un de l’autre. 

Et la personne concernée était bien contente et ça, c’est le principal.

Bien sûr la plupart des techniques que j’ai énoncé durant ce billet doivent être connues de beaucoup de dessinateurs mais, dans le doute, il me semblait important de partager ça avec vous. 

Sur cette longue logorrhée, je vous laisse, j’espère que vous avez pris plaisir à lire tout cela.

En vous souhaitant une bonne journée 

À très bientôt pour de nouvelles aventures 

 

2 commentaires pour “Traditionnel vs numérique

  1. Super intéressant ,merci pour les infos ,pour une fois que je lis un article jusqu au bout…J ai pas encore tenté le même dessin en tradi et en numérique …mais ca me donne envie …en tt cas continue je trouve que tes progres sont bluffant…

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